LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE EST-ELLE SANS DANGER ?

Pas un mois sans qu’une nouvelle étude vienne jeter le trouble sur l’e-cigarette. Au point d’embrouiller les utilisateurs. Nos experts sont formels : il est infiniment préférable de vapoter que de fumer ! Emmanuelle Blanc

La cigarette electronique sans dangerPersonne ne conteste l’utilité d’évaluer la sécurité de la cigarette électronique. En revanche, ce qui désole les tabacologues, c’est d’assister à sa mise en pièce à la moindre étude un tant soit peu négative. Depuis le début de l’année, trois publications, toutes américaines, ont semé le trouble. L’une, réalisée par une équipe de l’université américaine Johns Hopkins, à Baltimore, conclut à une possible contribution de la vapeur de l’e-cigarette aux maladies cardiovasculaires et aux cancers du poumon et de la vessie. Des résultats que le Dr Éric Blouin juge faussés et en aucun cas extrapolables à la “vraie vie”. « Les chercheurs ont utilisé un modèle de souris qui développe spontanément des cancers du poumon, sans même être au contact de toxiques, et les ont soumises à des doses de vapeur très élevées, explique-t-il. Quant aux cellules humaines, elles ont été exposées à des doses massives de nicotine et de nitrosamine ketone, composé nocif de la nicotine, que l’on ne retrouve qu’à l’état de trace dans la vapeur d’une e-cigarette utilisée normalement. »

Haro sur les arômes !

danger des aromes de cigarette electroniqueD’autres études, alarmistes elles aussi, pointent la toxicité potentielle des arômes, seuls ou en association, sur des cellules humaines. Mêmes réserves du Dr Blouin qui reproche à ces études de ne pas reproduire les conditions réelles du vapotage, soit parce que les solutions liquides aromatiques testées sont directement mises en contact avec les cellules – « Or, les vapoteurs n’avalent pas les e-liquides, mais inhalent leur vapeur » – ; soit parce que la durée et l’intensité de l’exposition aux vapeurs émises n’ont rien à voir avec la réalité. Le Pr Bertrand Dautzenberg dénonce, en plus, l’absence de mise en perspective : « Ces études donnent l’impression que le vapotage est dangereux pour la santé, alors que, comme l’indique le National Health England, organisme britannique de santé, l’utilisation de l’e-cigarette est au moins 95 % moins nocive que la fumée du tabac ! » Bien que très rassurants, nos experts reconnaissent l’importance de mieux caractériser les effets du vapotage : « Utiliser une e-cigarette est infiniment moins nocif que fumer, mais elle n’en délivre pas moins dans les poumons, puis dans l’organisme des substances qui n’ont rien à y faire, dit le Pr Daniel Thomas. Or, nous manquons encore de recul pour en évaluer le risque à long terme. » Par précaution, le Dr Blouin conseille de ne pas utiliser trop souvent les arômes cannelle ou cerise : « Ils peuvent libérer des composés indésirables. »

Privilégier les liquides made in France

Même conseil pour les liquides qui multiplient les arômes : « Certains, non toxiques lorsqu’ils sont isolés, peuvent le devenir lorsqu’ils sont ensemble. » Quid de la vanille, également pointée comme potentiellement toxique dans les études ? « Certes, mais à des concentrations de 10 à 30 fois supérieures à celles des e-liquides qui en contiennent », rassuret-il. L’idéal est d’opter pour des produits made in France, seul pays où existe une norme volontaire qui offre certaines garanties : qualité des ingrédients, pas de substances classées cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction ou les voies respiratoires, pas de composés indésirables au-delà de concentrations inévitables1

« La grande majorité des liquides français répondent à cette norme, même si tous les fabricants n’ont pas fait la démarche pour avoir la certification AFNOR », note le Pr Dautzenberg.

 

LES EXPERTS

Dr Éric Blouin toxicologue, directeur du cabinet Physiotox

Pr Bertrand Dautzenberg pneumologue, tabacologue à la Pitié-Salpêtrière, Paris

Pr Daniel Thomas professeur de cardiologie, porte-parole de la Société francophone de tabacologie

41,2 % DES VAPOTEURS QUOTIDIENS UTILISENT EXCLUSIVEMENT L’E-CIGARETTE.

Aux autres, qui continuent à fumer occasionnellement (10,8 %) ou quotidiennement (48 %), le Pr Thomas recommande d’aller vers un vapotage exclusif. Source : Baromètre Santé 2016.

LE BON USAGE

Veiller à ce que le réservoir soit plein : « S’il est très peu rempli ou vide, il peut y avoir surchauffe avec production d’émissions de composés toxiques », dit le Pr Dautzenberg.

Penser à changer la résistance : un goût de brûlé indique que la mèche ne peut plus absorber le liquide. Éviter de faire ses mélanges : contrairement aux liquides prêts à l’emploi qui contiennent de la nicotine, les arômes et mélanges d’arômes ne sont soumis à aucune obligation de contrôle.

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